SUITE HISTOIRE
Help me tear down my reason, help me its your soul i
Can smell
Help me you make me perfect, help me become somebody
Else
- “Tu l’as rencontré?”
Silence. Gabriel se tait comme une tombe, soupire comme un prière, déglutit comme un vampire.
- « Tu n’as pas de questions ? » Michel lui rende à nouveau visite. Il lui expliqua auparavant, que désormais elle n’aura plus aucun contacte avec leur Père. Tout message passera par lui. C’était le prix à payer… mais encore.
- « Non. » Sèche, livide, anxieuse ; Gabriel se sent mise à nu. Elle a marché dans des endroit maudits, parlé à une insulté, touché un blasphème.
- « Il faut que je te dire que le cœur de Hikaru est pur. Il est voué au Paradis. »
- « Foutaises. »
- « Gabriel… »
- « J’ai dit : foutaises ! » Elle hurla presque. Michel ne s’attendait pas à une telle réactions après sa rencontre avec le garçon.
- « Il faut que tu comprenne… »
- « Que je comprenne quoi, merde ? Ce gamin est un monstre, rien que le toucher me fait envie de vomir. Est-ce qu’il va pardonner à droite à gauche, au hasard ? Est-ce qu’il va faire la foire au pardon ? J’ai tiré le bon numéro ? John Constantine auparavant ? Le gamin pédéraste après ? Si c’est ça le paradis, un tas de débris chanceux… »
- « Gabriel !!!! »
- « … alors je préfère aller en Enfer. Je vais me couper les veines comme Constantine tiens, mais je suis pas sure que je ne vais pas me faire pardonner… »
Le bruit de la gifle vola dans les airs, Gabriel tomba à terre, abasourdie.
- « Est-ce que tu t’entends parler ? »
Michel grondait, il brûlait de déception et de colère, se sentait insulté au nom de leur Père à tous. Elle … elle avait daigné tenir des propos impardonnables… mais, maintenant il hésitait aussi. Qu’est-ce qu’est le pardon, vraiment, ce n’est pas comme si c’était la suppression de péché, ce n’est pas comme si le pardon permettait d’oublier. Ca sert un peu à rien…
- « On peut toujours remettre en cause le Livre Sacré… » Commença-t-il.
- « Je ne le met pas en cause, je l’obéis… le péché de Sodome… »
Michel grogna. Gabriel comprit qu’il ne comprenait pas non plus où venait en venir le Père.
Every devil kept awake
By every sigh and scream we make
All the feelings that I get
But I still don’t miss you yet
Only when I stop to think about you
Il regardait sur le côté, figé comme une statue, blanc comme un linge et les néons maladifs épousaient son visage d’une manière si parfaite qu’on aurait dit qu’ils avaient été faits pour lui. Ces néons de la débauche, ces lumières de malheur.
- « Tu… »
Le gamin releva brusquement son regard songeur et planta ses pupilles de démon dans celles de l’archange. Cette dernière déglutit quelque peu, essayant de trouver la raison pour laquelle elle était revenue dans ce bar et pourquoi le Père voulait l’humilier à ce point. Elle aurait pu souffrir le martyre, être punie pour une rédemption incertaine, crever dans le doute mais jamais elle n’avait prévu de brûler sous le regard d’un débauché.
- « Où sont tes parents ? » demanda-t-elle, surprise de ne pas avoir posé une telle question plutôt.
- « Je ne sais pas… » Fit Hikaru d’une voix nonchalante, inspirant avec confidence la fumée de sa cigarette de pauvre. « J’espère qu’ils sont entrain de crever quelque part… »
Gabriel serra les dents, contracta son bras pour se retenir d’attraper la chevelure sale du gamin pour lui donner une bonne leçon.
- « Ce n’est pas bien de parler ainsi de tes pa … »
- « C’est bien de se prostituer à 15 ans peut être ? De se nourrir de tabac et de sexe ? Ce n’est pas comme si je crois en Dieu pour avoir peur de l’Enfer. De plus je perds mon temps…»
Gabriel écarquilla les yeux, il était bien trop confident par rapport à la première foi bien que sa voix chancela quelque peu. Elle qui avait secrètement espéré retrouver une once de pitié à leur seconde rencontre se voyait entre les griffes d’une violente envie d’étrangler.
- « Si tu veux que je te paye pour le temps passé, tu n’as qu’à le dire… » Elle fut surprise par le ton de sa propre voix. Ca ne lui ressemblait pas…
- « J’ai encore de la fierté t…vous savez. Je prends que l’argent que je gagne… »
Un rire mesquin s’échappa d’entre les lèvres de l’archange. Ah ! C’était trop ! C’était bien trop drôle pour se retenir. Des regards se dirigèrent vers elle, sa figure rayonnait de moquerie et de sarcasme. Fierté ! Voilà un bien beau mot.
- « Au moins… j’aurais bien rit… » Lâcha-t-elle entre deux gloussements avant de sentir une claque violente sur sa joue.
La même que celle que Michel frappa, elle n’avait pas totalement guéri. Le gamin se leva, lui aussi, la défiant comme un ange défierait le diable, le malin, le mesquin. Gabriel ignora le sentiment d’infériorité qui voulait s’exprimer à travers un cri de révolte. Mais le ridicule avait atteint son paroxysme, il fallait se contenir.
- « Tu défends la fierté par des coups ? Tu me fais vomir… »
- « Je n’ai pas d’argent ou d’autorité pour me défendre par autre chose que mes coups… »
- « Je pourrais te tuer avec une seule de mes mains… »
- « Félicitations. »
Gabriel fronça les yeux et sentit le ridicule la gagner. Elle suffoquait, elle ne voulait plus comprendre… juste mettre les voiles pour toujours quitte à se voir couper les ailes à nouveau.
- « Qu’est ce que tu me veux à la fin ?… » Murmura-t-elle, baissant son regard mais s’adressant au Père.
- « C’est vous qui êtes venu ici en premier… »
- « La ferme sale gamin, tu ne sais pas à quel point ta vie ne vaut rien… » Grogna-t-elle.
- « Je le sais… »
Le murmure atteignit à peine ses oreilles et l’archange jeta un coup d’œil rapide vers le gamin au regard brillant de tristesse… Maudit môme, saleté de chien errant…
He admits that it’s too late
To admit that he’s afraid
He admits he was too long
To admit that he was wrong
- “Ce n’est pas vraiment de sa faute.”
Gabriel releva la tête, examina le visage souriant de l’homme qui s’assit en face d’elle. Il était une heure du matin et le restaurant était presque vide. Elle avait juste besoin d’un peu de repos, sous l’œil suspicieux du gardien, elle désirait le silence de la nuit pour sombrer dans une agréable solitude. Elle scruta encore une foi l’homme, pour se persuader que ce n’était pas une hallucination puis songea à ses paroles.
- « Je ne vous connais pas. » Et l’archange replongea la tête dans la bible qu’elle tenait avec avidité entre ses mains.
- « Je parle de Hikaru. Ce n’est pas vraiment de sa faute s’il est si méchant et gâché. »
Il sourit et fixa avec insistance Gabriel qui ne bougea pas d’un cil, décidant simplement d’ignorer. Il y aura un moment où toutes ces plaisanteries de mauvais goût finiraient.
- « J’étais moi aussi un de ses clients… » Commença-t-il.
- « Cessons tout de suite s’il vous plait. Je n’ai jamais été le client de qui que ce soit. » Même par un étranger enquiquinant se faire voir comme un être impur et pécher lui était inacceptable.
- « Oh ! » Après un silence de fixation il reprit. « Vous êtes vraiment froid. Il m’a décrit votre manière tranchante de parler mais je n’avais pas vraiment pensé que c’était totalement vrai… Hmm, vous ne voulez pas savoir comment je vous connais ? »
- « Sans intérêt. »
Il joua avec la serviette, toucha une à une les pointes de la fourchette comme s’il cherchait la manière de poser sa phrase d’une manière convaincante.
- « Qu’est ce que vous lisez ? » Hésita-t-il pour n’obtenir qu’un silence lourd de signification. « Hika avait vu en vous une sorte de sauveur pour tout vous dire. C’était une des rares fois que quelqu’un ne s’intéressait pas à son corps. Même si c’est dur à croire, il fut très heureux de parler avec vous… »
- « Toute chose à une fin. »
- « Il ne sait exprimer ses sentiments qu’à travers de son gagne pain… mais vous avez un air si innavigable qu’il n’avait même pas osé suggérer un contact la seconde foi. Vous l’avez vraiment perturbé… »
- « Vous en savez des choses. »
- « Hmm…c’est comme un fils. »
- « Tss… » La femme jura entre ses dents, elle avait vraiment envie de vomir.
- « C’est vraiment dommage qu’il finisse ainsi mais je pourrai vous tenir compagnie… »
- « Excellente plaisanterie. »
L’homme rit un peu puis soupira. Le silence retomba et alors que Gabriel lisait les lignes qu’elle connaissait déjà par cœur, elle sentait le regard oppressant de l’autre.
- «
Qu’il finisse ainsi ? Qu’est ce que vous vouliez dire ? » L’archange eut honte de sa curiosité mais encore plus à cause du sourire satisfait de son interlocuteur afficha.
- « Oh… il sera envoyé au Japon à travers un réseau de prostitution. C’est dommage pour lui car il ne sait pas parler la langue et en plus là bas… les patrons sont beaucoup plus exigeants ; c’est ce que j’ai cru entendre… »
- « Et pourquoi ce sourire débile en me racontant ces atrocités ? Tu crois que ta face de pervers est en pouvoir de susciter autre chose que la nausée ? »
Elle avait gueulé, fracassé le livre sacré sur la table et vu l’étonnement éclater dans les yeux de l’homme. Sa voix aiguë, le trait délicat de sa maigre poitrine accentué par la lumière, ou était-ce le tutoiement qui avait complètement épouvanté l’autre ? La figure distinguée de l’homme froid et maîtrisé s’était transformé en une femme colérique et agressive.
- « Tu… tu es… »
Les quelques kilomètres qui séparaient le restaurant du bar furent parcourus avec la vitesse de la lumière et sans vraiment penser à son image réservée, à ses traits de femme qui n’étaient plus cachés par le tailleur strict, Gabriel fit irruption dans le lieu de ses malheurs.
Ce n’était pas pour Hikaru qu’elle s’était précipité comme une furie mais bien pour elle. S’il crève pendant son supposé trajet au Japon, sa mission échouera et le Père sera déçu. Le gamin cria, s’étonna qu’elle soit une femme, appela à l’aide alors qu’elle le traîna dehors serrant son bras jusqu’à lui casser les os mais personne ne se leva pour le retenir. Cette petite vie n’avait pas de prix, elle ne valait rien, personne ne donnerait un sou pour elle…
- « Lâche-moi… ! »
- « Parce qu’elle n’a pas de prix. » Aboya Gabriel en tirant le gamin par le bras.
- « Fou moi la paix, à l’aide ! »
- « Leur vie ne vaut rien car elle n’a pas de prix… évidemment. Ces chiens d’humains ne valent rien… »
- « Au secours ! »
- « C’est le message principal du livre sacré, aime ton prochain car il t’est égal, il ne vaut rien comme toi, il n’a pas de prix comme toi. »
- « Tu me fais mal ! Tu es folle ! »
Gabriel s’arrêta, quelques mètres les séparaient du bar. Elle attrapa les joues du gamin entre son pouce et son index dont les ongles s’enfonçaient presque dans la bouche. Ce dernier grommela quelque chose, se débattait comme un poisson à l’air mais ses yeux ne mentaient pas, il préférait être tué ici que de retourner là bas… elle en était certaine !!
- « Tu ne vaux rien, comme tous les autres pourtant tu iras au Paradis et tu sais pourquoi ? »
- « … »
- « Tu as beau être pourri jusqu’à l’os ne pas avoir de parcelle de peau qui ne soit salie par le vice, tu es différent de tes clients parce que bien que tu le fais, que tu n’y pense plus lorsque tu crie comme une petite fille à tout le mal que tu fais à Dieu qui t’a crée, t’as toujours voulu te casser, non ? »
Hikaru rougit puis de grosses larmes coulèrent sur ses joues brûlantes.
- « Tu pense donc tu es, et non tu fais donc tu es. C’est ton esprit qui est jugé et non le bout de viande qui te sert de corps. Tu ne veux plus y retourner, hein ? Tu hais tous ces hommes qui t’ont humilié, tu les… »
- « Non… »
- « Quoi non… ? »
- « Ils sont méchants parfois c’est vrai, mais je ne…je ne veux pas m’en aller. Ce n’est pas comme si je pouvais… C’est ma maison…ma…»
Gabriel recula et sentit ses genoux trembler. Elle était pourtant certaine d’avoir trouver la réponse.
- « Alors tu veux retourner dans ce trou ? »
- « Pas… vraiment… »
- « Donne-moi une réponse claire, je ne comprends plus rien… »
- « Il n’y a pas de réponse claire… »
- « Mais tu seras vendu au Japon… »
Hikaru fronça les sourcils puis afficha un sourire moquer alors que Gabriel se sentait défaillir.
- « Ce que Azari t’a dit est faux. Il a certainement… voulu comprendre quel genre de personne tu étais. C’est que… je crois que tu lui plait mais… » Hikaru grimaça, entre ses larmes passées et ses rires présents l’archange n’avait plus aucun repère. « …vu que tu es une femme… »
Garbiel, lentement, fléchit ses genoux, s’assit sur le sol glacial, sentant ses joues s’empourprer d’humiliation. On s’était moqué d’elle, on l’avait traîné dans la boue, on lui avait même fait accepter, pendant quelques instants, un gamin débauché. De la pure pitié. Ca puait la pitié et le rire du môme lui donnaient envie de maudire le monde entier.
- « Je ne comprends pas vraiment ce que tu cherches à faire en te liant avec ces lieux mais… si tu patientes, je suis jure que tu comprendras. Les humains sans une part de vice ou de monstruosité, ce sont des anges, ça n’existe pas. »
- « La ferme… tu ne sais rien. » Susurra-t-elle.
- « Tu te sens humiliée parce que tu as cru à l’histoire d’Azari et du Japon ? »
- « … »
- « Je lui ferai promettre de ne rien dire… »
- « Fais ce que tu veux, mais disparaît de ma vue. Tu m’agaces… »